Dévotion au Saint Rosaire

Pour parler de la dévotion au saint Rosaire, il faut d’abord souligner que Jésus et Marie sont inséparables, puisqu’ils sont unis dans la réalisation du mystère rédempteur. Louis-Marie Grignon de Montfort a publié que la dévotion de la très sainte Vierge a pour objectif d’établir plus parfaitement celle de Jésus-Christ parce que Marie est la Mère médiatrice de l’unique Médiateur, le Fils de Dieu fait homme. Cette dévotion se vit par la pratique du saint Rosaire et la parfaite consécration à Jésus par Marie. Comme nous pouvons le remarquer, le déroulement des mystères de Jésus et de Marie au cours de la prière du Rosaire a pour but de représenter aux âmes les exemples du Sauveur et de sa divine Mère, d’en faire cueillir les fruits surnaturels. Or le fruit central de ces mystères est la dépendance filiale envers Jésus par Marie, ce service d’amour qui caractérise la démarche de la parfaite consécration (Cf. R. P. POUPON, Le Saint Rosaire, sa tradition évangélique, ses mystères, ses fruits, Imprimatur L. VERPEAUX, V. G., 1951, p. 8.)

Dans sa Lettre Apostolique Rosarium Virginis Mariae, le Pape Jean-Paul II disait que « la contemplation du Christ trouve en Marie son modèle indépassable. Le visage du Fils de Dieu lui appartient à un titre spécial. C'est dans son sein qu'il s'est formé, prenant aussi d'elle une ressemblance humaine qui évoque une intimité spirituelle assurément encore plus grande. » Il poursuit en disant que « personne ne s'est adonné à la contemplation du visage du Christ avec autant d'assiduité que Marie. Déjà à l'Annonciation, lorsqu'elle conçoit du Saint-Esprit, les yeux de son cœur se concentrent en quelque sorte sur Lui; au cours des mois qui suivent, elle commence à ressentir sa présence et à en pressentir la physionomie. Lorsque enfin elle lui donne naissance à Bethléem, ses yeux de chair se portent aussi tendrement sur le visage de son Fils tandis qu'elle l'enveloppe de langes et le couche dans une crèche (cf. Lc 2, 7). » (Cf. Lettre Apostolique Rosarium Virginis Mariae du Pape Jean-Paul II à l'épiscopat, au clergé et aux fidèles sur Le Rosaire, n° 10.)

Quelques années plus tôt, le Pape Paul VI disait ceci : « L’intérêt constant et l’affection que nous portons au Chapelet de la Vierge Marie nous ont poussé à suivre avec beaucoup d’attention les nombreux congrès consacrés ces dernières années à la pastorale du Rosaire dans le monde contemporain : congrès organisés par des associations et des hommes qui ont profondément à cœur la dévotion du Rosaire, et auxquels ont pris part des Évêques, des prêtres, des religieux et des laïcs forts d’une grande expérience et connus pour leur sens de l’Église. Parmi eux, c’est justice de nommer les Fils de saint Dominique, chargés par tradition de garder et de propager une dévotion aussi salutaire que celle-là (Cf. Exhortation Apostolique Marialis Cultus de sa Sainteté le Pape Paul VI sur le culte de la vierge marie (2 février 1974), n° 43). Comme le précise si bien le Pape, c’est aux dominicains qu’a été confié la propagation du saint Rosaire. D’ailleurs, nous le lisons clairement dans le livret propre de l’Ordre des Prêcheurs que notre père Dominique s’attachait beaucoup à Marie. Étant homme de prière, il ne pouvait terminer la journée sans prier le chapelet. Le frère Humbert de Romans dit que « la Bienheureuse Vierge Marie fut l’aide principale dans la fondation de l’Ordre… et l’on espère qu’elle le conduira à bon port. C’est la Vierge Marie, dit-il, qui a voulu l’Ordre des Prêcheurs pour que son fils Jésus, le Verbe fait chair, soit connu, annoncé, loué et aimé.»

La prière du saint Rosaire nous permet de contempler les mystères du Fils de Dieu fait homme en la Vierge Marie. Le numéro 45 de l’Exhortation Apostolique Marialis Cultus nous le rappelle en insistant sur « comment le déroulement ordonné et progressif du Rosaire reflète la manière même dont le Verbe de Dieu, en s’insérant par un dessein miséricordieux dans l’histoire humaine, a réalisé la Rédemption. » Le Pape poursuit en disant que « le Rosaire considère en effet successivement, et dans l’ordre, les principaux événements salvifiques de la Rédemption qui se sont accomplis dans le Christ : depuis la conception virginale et les mystères de l’enfance jusqu’aux heures culminantes de la Pâque – la Passion bienheureuse et la Résurrection glorieuse – et jusqu’à ses effets sur l’Église naissante du jour de la Pentecôte et sur la Vierge, le jour où, parvenue au terme de son exil terrestre, elle fut emportée, corps et âme, vers la patrie céleste. » Le saint père observe aussi dans le même numéro que « la division en trois parties des mystères du Rosaire, non seulement correspond étroitement à l’ordre chronologique des faits, mais surtout reflète le schéma de la prédication primitive de la foi et propose à nouveau le mystère du Christ exactement de la façon où le voyait saint Paul dans la célèbre «hymne» de l’Épître aux Philippiens : abaissement, mort, exaltation (2, 6-11). » (Exhortation Apostolique Marialis Cultus de sa Sainteté le Pape Paul VI sur le culte de la vierge marie (2 février 1974), n° 43)

La raison la plus importante de redécouvrir avec force la pratique du Rosaire est le fait que ce dernier constitue un moyen très valable pour favoriser chez les fidèles l'engagement de contemplation du mystère chrétien… comme une authentique “pédagogie de la sainteté”… Le Rosaire se situe dans la meilleure et dans la plus pure tradition de la contemplation chrétienne. (Lettre Apostolique Rosarium Virginis Mariae du Pape Jean-Paul II à l'épiscopat, au clergé et aux fidèles sur Le Rosaire, n° 5)

C'est précisément à partir de l'expérience de Marie que le Rosaire est une prière nettement contemplative. Privé de cette dimension, il en serait dénaturé, comme le soulignait Paul VI. Je cite : « Sans la contemplation, le Rosaire est un corps sans âme, et sa récitation court le danger de devenir une répétition mécanique de formules et d'agir à l'encontre de l'avertissement de Jésus: “Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens; ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup, ils se feront mieux écouter” (Mt 6, 7). Par nature, la récitation du Rosaire exige que le rythme soit calme et que l'on prenne son temps, afin que la personne qui s'y livre puisse mieux méditer les mystères de la vie du Seigneur, vus à travers le cœur de Celle qui fut la plus proche du Seigneur, et qu'ainsi s'en dégagent les insondables richesses » (Exhortation Apostolique Marialis Cultus de sa Sainteté le Pape Paul VI sur le culte de la vierge marie (2 février 1974), n.47). La méditation des mystères du Christ est proposée dans le Rosaire avec une méthode caractéristique, capable par nature de favoriser leur assimilation. C'est une méthode fondée sur la répétition. Cela vaut avant tout pour l'Ave Maria, répété dix fois à chaque mystère. Si l'on s'en tient à cette répétition d'une manière superficielle, on pourrait être tenté de ne voir dans le Rosaire qu'une pratique aride et ennuyeuse. Au contraire, on peut considérer le chapelet tout autrement, si on le regarde comme l'expression de cet amour qui ne se lasse pas de se tourner vers la personne aimée par des effusions qui, même si elles sont toujours semblables dans leur manifestation, sont toujours neuves par le sentiment qui les anime (Lettre Apostolique Rosarium Virginis Mariae du Pape Jean-Paul II à l'épiscopat, au clergé et aux fidèles sur Le Rosaire, n° 26).

Le Rosaire est l'un des parcours traditionnels de la prière chrétienne qui s'attache à la contemplation du visage du Christ. Le Pape Paul VI le décrivait ainsi: « Prière évangélique centrée sur le mystère de l'Incarnation rédemptrice, le Rosaire a donc une orientation nettement christologique. En effet, son élément le plus caractéristique – la répétition litanique de l'Ave Maria – devient lui aussi une louange incessante du Christ, objet ultime de l'annonce de l'Ange et de la salutation de la mère du Baptiste: “Le fruit de tes entrailles est béni” (Lc1, 42). Nous dirons même plus: la répétition de l'Ave Maria constitue la trame sur laquelle se développe la contemplation des mystères: le Jésus de chaque Ave Maria est celui même que la succession des mystères nous propose tour à tour Fils de Dieu et de la Vierge » (Exhortation Apostolique Marialis Cultus de sa Sainteté le Pape Paul VI sur le culte de la vierge marie (2 février 1974), n°46).

Nous ne pouvons pas conclure cette partie sans rappeler qu’à l’origine, saint Dominique a conçu les Mystères, qui deviendront plus tard les Mystères du saint Rosaire, comme une méthode de catéchisme pour évangéliser ceux induits en erreur par l’hérésie cathare. Il les a divisés en trois groupes : les Mystères Joyeux, Douloureux et Glorieux, cherchant à immerger par ce biais les fidèles au cœur des moments clés de la vie de Jésus. C’est le Pape Jean Paul II qui ajouta le Mystère Lumineux. Cet ajout de nouveaux mystères, sans léser aucun aspect essentiel de l'assise traditionnelle de cette prière, dit-il, a pour but de la placer dans la spiritualité chrétienne, avec une attention renouvelée, comme une authentique introduction aux profondeurs du Cœur du Christ, abîme de joie et de lumière, de douleur et de gloire. (Cf. Lettre Apostolique Rosarium Virginis Mariae du Pape Jean-Paul II à l'épiscopat, au clergé et aux fidèles sur Le Rosaire, n° 19).

Toujours dans la Lettre Apostolique Rosarium Virginis Mariae, le Pape Jean-Paul II fit cette confidence : « je n'ai négligé aucune occasion pour exhorter à la récitation fréquente du Rosaire. Depuis mes plus jeunes années, cette prière a eu une place importante dans ma vie spirituelle… Le Rosaire m'a accompagné dans les temps de joie et dans les temps d'épreuve. Je lui ai confié de nombreuses préoccupations. En lui, j'ai toujours trouvé le réconfort… Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. (Cf. Lettre Apostolique Rosarium Virginis Mariae du Pape Jean-Paul II à l'épiscopat, au clergé et aux fidèles sur Le Rosaire, n° 19).

Fr. Damien E. Z., op.

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