Zédislave naquit vers 1220 à Krizanov (ville qui fait partie de l’actuelle République Tchèque) d’une famille noble, érudite et pieuse. Elle vécut au château de Krizanov et à Brno, où elle fut instruite et reçut une très bonne éducation. Toute petite, elle entretenait déjà une profonde intimité avec Dieu, priant sans cesse, avec un attrait particulier pour la vie érémitique. En effet, Zédislave quittait régulièrement le confort du château pour prier et méditer, toute seule, durant de longues heures dans la campagne. Son souhait profond : se consacrer entièrement à Dieu comme religieuse. Toutefois, alors qu'elle n'avait que 16 ans, elle fut contrainte d’épouser Havel de Lemberk, un prince, brave chevalier, mais « orgueilleux et violent qui mit souvent sa patience à l’épreuve ».
Zédislave eut quatre enfants et quand elle « …apprit que l’Ordre [des Pêcheurs] se répandait en Pologne et en Prusse, elle [incita] son mari à financer la fondation d’un couvent à Gabel. » Soutenu par son conjoint, elle fit également construire une église, l’église saint Jacques, non loin du château de Lemberk. Fidèle à son désir de consécration religieuse, admise comme tertiaire dominicaine, Zédislave reçut l’habit de l’Ordre des mains du bienheureux Ceslas.
Appelée la Mère des Pauvres, elle vécut très modestement. Chaleureuse envers les nécessiteux, elle leur distribuait tout ce qu’elle pouvait posséder comme argent. Elle se dévoua au service des pauvres, des pèlerins et des malades, sans négliger celui de sa maison, s’occupant de son époux et de ses quatre enfants.
On peut lire dans la Chronique de Dalimil, parlant des œuvres de la sainte, qu’elle « a ressuscité cinq morts, rendu la vue aux aveugles et guéri beaucoup de gens perclus et lépreux... » Mais ce qui accentue notre admiration pour sainte Zédislave, c’est la simplicité de sa vie, l’ardeur et la ferveur de ses prières, la fidélité de son amour manifeste pour Dieu : quand bien même elle ne parvint pas à être religieuse comme elle l’aurait souhaité, elle s’engagea néanmoins, dans la mesure de ses capacités, pour être entièrement dévouée au service de Dieu.
Zédislave eut la joie d’obtenir la conversion de son mari, avant de rejoindre la félicité céleste - alors qu’elle n’avait que 30ans - en 1252. Comblée par une vie dévouée à sa famille et aux pauvres, elle fut béatifiée en 1908 par le Pape Pie X et canonisée le 21 mai 1995 par le Pape Jean-Paul II. À cette occasion, le saint père affirma ceci : L’exemple de sainte Zédislave « apparaît éminemment actuel surtout par rapport à la valeur de la famille qui, comme elle nous l'enseigne, doit être ouverte à Dieu, au don de la vie et aux besoins des pauvres. »
A l’exemple de sainte Zédislave, puissions-nous nous ouvrir à la volonté de Dieu et réaliser pleinement notre vocation chrétienne qui est d’aspirer à la sainteté, et ce, quelque soit nos états de vie. Puisse le Seigneur faire de nos familles chrétiennes, de véritables sources de charité et de paix pour l’humanité.
De son vrai nom Alessandra Lucrezia Romola de Ricci, elle naît à Florence, le 23 Avril de l’an 1522. Son père Pier Francesco de Ricci appartenait à une famille ancienne et respectée de banquiers et de négociants. Sa mère Catherine de Panzano, mourut quand l’enfant était encore petite. Elle fut élevée par sa belle-mère, une femme dévouée.
Dès son jeune âge, elle se fit remarquer par sa belle-mère qui observait chez elle une tendance inhabituelle à la sainteté, notamment par la prière solitaire dont faisait l’expérience la jeune fille. Sa piété et sa vie vertueuse la destinait à devenir un jour l’épouse du Christ. De bonne heure, le Seigneur l’enrichissait de ses grâces. Aussi, elle conçut une grande dévotion et vive tendresse à l’égard de la Passion du Divin Sauveur. De ce fait, elle connut ce qu’on appelle la grande « Extase de la Passion ». Elle fit pour la première fois cette expérience en Février 1542. Une expérience qui se renouvelait chaque semaine pendant douze ans. Enfant, elle résolut de rejoindre un ordre religieux de la stricte observance.
Elle reçut cet appel à l’occasion d’un séjour à Prato, où elle fit la connaissance du couvent dominicain Saint Vincent, fondée en 1503. Alessandra y trouva un esprit de ferveur religieuse capable de satisfaire son idéal. Elle fit son noviciat dans le tiers ordre dominicain ; reçut le voile en 1535, et fit profession en 1536. A sa prise de voile, elle choisit de se faire appeler Catherine.
Dans sa vie, Catherine connut plusieurs épreuves. Elle vécut les humiliations de la communauté qui ne comprenait pas les faveurs surnaturelles qu’elle recevait. Aussi, elle fit l’expérience de plusieurs maladies déclarées incurables par les médecins. Dévouée à l’intercession de Jérôme Savonarole, elle fut souvent guérie par lui en vision. Mais sa sainteté et son humilité l’aidait à triompher de ses épreuves. Elle exprimait une profonde compassion envers les malades. Souvent, elle assistait par sa présence priante ceux dont la vie se fermait aux délices de la terre et s’ouvrait à celles du ciel. Fidèle à l’observance de la règle, elle y exhortait souvent ses sœurs. Sa compagne, Sœur Marie-Madeleine Strozzi, attestait qu'au milieu des dons extraordinaires dont le Ciel la favorisait, elle n'avait jamais pu découvrir dans sa personne la plus petite marque, l'ombre même de l'orgueil.
Dans sa communauté, elle assuma plusieurs responsabilités importantes, dont les charges de Prieure ou de sous-prieure jusqu’à sa mort. Quelques années auparavant, Catherine reçut un anneau de la part de Jésus. C’était le signe de son mariage spirituel. Celle qui est devenue épouse du Christ mourut le 2 Février 1590, âgé de 68 ans. Elle fut béatifiée en 1732 par Clément XII, et canonisée par Benoît XIV en 1746. L’Eglise fait mémoire d’elle le 4 Février.
Chers frères et sœurs, que pouvons-nous retenir de la figure de Sainte Catherine de Ricci ? Connue dans le monde pour son extrême dévotion spirituelle et les événements extraordinaires de sa vie, Catherine demeure une figure dont l’intimité avec Dieu reste le centre de ses œuvres. Elle était aimable envers tout le monde. Elle montrait une grande charité à l’égard des malades. Elle se mortifiait par amour pour le Seigneur et pour ses sœurs. Elle nous apprend à progresser sur le chemin de la sanctification, à travers les exercices de mortification intérieure, de charité envers les malades et les agonisants. Elle nous apprend à mettre au centre de notre vie la recherche de la sainteté. Puissions-nous parvenir au terme de notre vie à cette vie bienheureuse.
Réginald est né à Orléans vers 1180. A l'âge de 18 ans, il alla à Paris où il fit de brillantes études profanes et cléricales. Ordonné prêtre, il retourna à Paris où il enseigna le droit canonique à la Sorbonne de 1206 à 1211. Puis son évêque le rappelle à Orléans et le nomma Doyen des chanoines de la cathédrale.
Quand son évêque décida de visiter par dévotion, Rome et la terre Sainte, il choisit Réginald pour compagnon de son pèlerinage. Au cours de ce pèlerinage à Rome, Réginald rencontre le cardinal Hugolin, futur pape Grégoire IX et grand ami de Saint Dominique qui se trouvait alors à Rome pour obtenir du Pape la reconnaissance officielle de son Ordre. Le cardinal présenta Réginald à Dominique et aussitôt Réginald fût fasciné par l'idéal de pauvreté évangélique qu'il incarnait. Peu de temps après, Réginald tomba gravement, probablement d'une malaria pernicieuse qui faillit l'emporter. Dominique lui rend visite, et Réginald lui promet de se joindre à lui dans son Ordre s'il se rétablit. Il racontera plus tard qu'après cette visite de Dominique, la Vierge Marie lui apparut, lui fit des onctions t lui montra l'habit blanc des Dominicains en l'invitant à le porter. Aussitôt guéri, Réginald s'en alla prononcer ses vœux religieux entre les mains de Dominique, renonçant à tous ses biens et embrassant l'idéal de la pauvreté évangélique vécue et propagée par Dominique et François d'Assise. Puis il effectua un pèlerinage en terre Sainte et revient à Rome en l'an 1218.
Dominique amena alors le nouveau Frère Prêcheur à Bologne et le nomma prieur de ce couvent. Très vite, en l'espace d'une année, sa réputation de professeur inspiré à l'université de Bologne où il enseignait, et sa renommée de prédicateur éloquent et prophète se répandirent dans la cité et attirèrent à l'Ordre de nombreux étudiants et professeurs. Le même phénomène se reproduisit quand Dominique l'envoya en 1219 à Paris comme prieur du couvent Saint-Jacques. Par sa prédication au peuple et son enseignement à l'université, ainsi que par l'exemple de sa vie et de ses vertus, Réginald enthousiasma de nombreux étudiants et professeurs de la Sorbonne et attira à l'Ordre beaucoup de jeunes, dont le bienheureux Jourdain de Saxe, successeur de Saint Dominique. Il aimait à dire, pour encourager ceux qui souffrent: «On ne peut pas suivre Jésus sans croix », sans épreuve, sans souffrance. Jourdain de Saxe nous laissa ce témoignage sur son ancien maître:" Son éloquence était fougueuse et sa Parole, comme une torche enflammée, enflammait le cœur des auditeurs, très peu avaient le cœur endurci au point de résister à la chaleur de ce feu. On aurait dit un deuxième Elie". Parlant de sa vocation de Frère Prêcheur, Réginald fait cette belle confidence à ses Frères:" Je ne pense pas avoir acquis un mérite particulier en entrant dans l'Ordre, car j'y ai toujours trouvé trop de joie."
De Santé fragile, Réginald mourut à Paris en février 2020, âgé d'environ 40 ans, et fut enterré en l'église Notre-Dame-des-Champs. Très tôt, les fidèles témoignèrent de nombreux miracles opérés sur sa tombe, et de grâces insignes reçues par son intercession, si bien que l'Eglise l'a proclamé Bienheureux et fixé sa fête au 1er février. Il est invoqué par tous ceux qui souffrent de fièvre pernicieuse, et comme compagnon de route des pèlerins.
Prions. O Bienheureux Réginald, le bien-aimé du grand Roi, vous que la Reine des Anges daignant visiter dans son amour a guéri de la fièvre et de ses langueurs, et revêtu de l'habit des Prêcheurs de Saint Dominique, par le secours de vos prières, guérissez les fièvres de nos corps et de nos âmes afin que dans la société des Saints nous contemplions un jour le Roi des siècles.
Le Bienheureux Nicolas Paglia est compagnon de route de Saint Dominique, formé par lui à la prédication, réputé pour sa droiture et pour sa douceur. Le frère Nicolas Paglia est né en 1197 dans la province de Bari. De parents nobles, il a été élevé avec beaucoup de soin. Nous pouvons retenir de lui deux choses importantes qui pourraient nous aider aujourd’hui dans notre marche à la suite du Christ.
On dit du frère Nicolas Paglia qu’il était un homme de grande culture qui encourageait l’étude des Saintes Écritures, ce qui voudrait dire que la Parole de Dieu occupait une place importante dans sa vie. Cet amour de Nicolas pour les Saintes Écritures nous ramène à l’une des spécificités indispensables à une authentique vie chrétienne. Chers amis, les Saintes Écritures sont comme des colonnes de lumière qui illuminent notre esprit et nous permettent d'être dirigés et inspirés d'en haut. A la question « Pourquoi devons-nous étudier les Écritures ? », Harold Lee pense que tout comme l’eau est essentielle à la vie physique, les Saintes Écritures sont essentielles à la vie spirituelle des enfants de Dieu, comparant ainsi les Saintes Écritures aux grands réservoirs d’eau spirituelle. Nous ne pouvons comprendre le plan de Dieu pour l’humanité que si nous nous rompions à l’étude assidue de sa Parole qui constitue l’un des moyens qui nous ouvrent à Dieu et Dieu à nous. Chers frères et sœurs, quel rapport avons-nous, aujourd’hui, avec les Saintes Écritures ? Nous constatons avec quel mépris nous traitons la Bible et par ricochet Dieu que nous reléguons au dernier rang parce que ces commandement restreindraient nos libertés. Nous sommes souvent polarisés par des réalités qui nous ferment à la grâce de Dieu que nous procurent les Saintes Écritures, et qui relèvent de nos calculs insensés, au lieu de nous élever jusqu’au mystère indicible de ce Dieu qui se dérobe silencieusement à toutes nos prises. Notre ignorance de la Parole de Dieu, chers amis, nous contraint malheureusement à garder notre main fermée sur nos poussières au détriment de la vraie connaissance de Dieu, et c’est ce qui l’empêche de se tendre ouverte aux générosités divines qui nous appellent à temps et à contretemps à river notre vie sur sa Parole. Le frère Nicolas Paglia a vite compris que l’homme ne peut ni comprendre son existence ni lui donner un sens sans écouter Dieu et sans se laisser guider par Lui.
Nous savons aussi que le frère Nicolas fut un grand prédicateur, autrement dit un instrument dont Dieu s’est servi pour se révéler au monde. Chers amis, lorsque nous buvons régulièrement à la source intarissable des Saintes Écritures, lorsque nous nous laissons instruire par Dieu Lui-même, nous devenons ses témoins auprès de nos frères et sœurs en l’humanité. Saint Nicolas prêcha dans de nombreuses villes d'Italie avec un fruit immense et ses paroles ardentes furent souvent confirmées par de grands miracles. Il fut l’instrument de nombreuses conversions à tel point que l’enthousiasme de la population l’amena à créer un couvent. Il est clair qu’on ne peut réellement parler de Dieu à nos frères en l’humanité qu’après l’avoir contemplé, après avoir été à son école. Il est dit de notre père saint Dominique qu’il parlait toujours avec Dieu et de Dieu ; et le Pape Benoît XVI, parlant de saint Dominique, souligna dans son audience générale du 03 février 2010 que « dans la vie des saints, l'amour pour le Seigneur et pour le prochain, la recherche de la gloire de Dieu et du salut des âmes vont toujours de pair. » Cela témoigne que Nicolas Plaglia, le disciple de notre père Dominique n’a fait qu’emboîter les pas de son maître parce qu’il a très vite réalisé que la contemplation de Dieu à travers l’étude assidue des Saintes Écritures est l’âme de la prédication.
Puisse le Bienheureux Nicolas Paglia intercéder pour nous, afin que nous soyons de vrais amoureux des Saintes Écritures.
Vincent Ferrier est né à Valence en Espagne en 1350, contemporain de sainte Catherine de Sienne, notre sainte du mois dernier. Entré à l’âge de 17 ans chez les Dominicains, il se fit vite remarquer par sa grande intelligence et par son attachement spécial à la vie spirituelle. À peine ordonné prêtre, il se vit confier la charge d’enseignant de philosophie et de théologie au sein de son Ordre et dans les universités. Très tôt, on lui décerna le grade suprême de maître en sacrée théologie, en reconnaissance de son immense savoir et de l’exceptionnelle qualité de son enseignement. Outre son engagement à l’université, il exerçait assidument son apostolat de prédication à travers l’Espagne.
Comme Catherine de Sienne, Vincent vécut à une période particulièrement sombre de l’histoire de l’Église catholique déchirée par un schisme où 2 papes siégeaient l’un à Rome et l’autre à Avignon en France, et même un troisième ajoutera à la confusion. Comme Catherine, Vincent œuvra avec abnégation pour le retour à la paix et à l’unité de l’Église. D’abord confesseur et conseiller du pape d’Avignon Benoît XIII, il le quittera lorsque celui-ci refusera de démissionner pour rétablir l’unité de l’Église. Pour sa contribution au rétablissement de la papauté et de l’unité de l’Église, Vincent fut appelé le « saint apôtre de la paix ».
Pendant 20 ans, un bâton d’une main, un crucifix dans l’autre, l’infatigable Prédicateur parcourut à pied, parfois à dos d’âne, presque toutes les provinces de l’Espagne, de la France et de l’Italie, instruisant, édifiant, convertissant les foules et multipliant les miracles. Il ira même jusqu’en Angleterre, en Ecosse, en Irlande, en Belgique et en Suisse. Dieu a renouvelé pour Vincent et pour les foules qui se pressaient pour l’entendre le miracle de la Pentecôte : Vincent ne prêchait qu’en catalan et en latin, et tous ses auditeurs le comprenaient dans leur propre langue ! Il fut considéré comme « le plus grand des missionnaires populaires de son temps ». Sa prédication était accompagnée d’un grand nombre de miracles. L’enquête pour sa canonisation a reconnu comme authentiques pas moins de 873 miracles.
Dans son contact avec les foules, Vincent est véritablement « un professionnel de la communication de masse » qui a su s’adresser à ses frères chrétiens avec des mots simples et un langage direct pour obtenir la conversion de leur cœur à Jésus, le Messie et le Fils de Dieu. Dans une période particulièrement troublée, il a montré que la persuasion et la simplicité évangélique de sa vie étaient préférables à l’usage de la force pour obtenir des conversions sincères et durables. Sa parole de feu nourrie par sa contemplation du Christ en croix et la discipline ascétique qu’il s’imposait attira à l’Église des foules innombrables de Juifs, de musulmans et d’hérétiques, heureux de trouver en Jésus le vrai Salut.
Vincent Ferrier mourut le 5 avril 1419 à Vannes en Bretagne (France). Déjà considéré comme un saint de son vivant, il fut canonisé en 1458, et célébré chaque année le 5 avril par l’Église et encore le 5 mai par les Dominicains. L’héritage que nous laisse cette figure marquante de sainteté se résume en 2 exigences toujours d’actualité : Vincent a livré au monde un message prophétique d’appel à la conversion, en insistant sur l’urgence d’une démarche sans délai. C’est aujourd’hui, ici et maintenant, que nous devons changer de vie, convertir nos mœurs, revenir à Dieu. Dans l’Évangile, le Christ nous appelle à la vigilance : « Tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme " viendra à l'heure où vous n'y penserez pas » (Mt.24, 44). Et dans l’Apocalypse, il nous donne cet avertissement : « Voici, je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille » (Apoc. 16, 15) ; et encore : « repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi » (Apoc. 3, 3).
Le second volet de l’héritage de saint Vincent Ferrier est l’engagement missionnaire qui pousse tout chrétien à devenir apôtre de la Bonne Nouvelle dans son milieu de vie. Au nom de notre baptême, nous sommes appelés à répandre l’Évangile par la parole et surtout par l’exemple de notre témoignage chrétien.
De Là-Haut, que saint Vincent Ferrier intercède pour tous les hommes appelés au salut par l’accueil de l’évangile prêché et vécu par chacun d’entre nous dans son milieu de vie.
Agnès Segni est née le 28 janvier 1268 à Gracciano près de Montepulciano en Italie. Ses parents été de fervents chrétiens et ils ont donné une éducation chrétienne à leur fille. Dès sa tendre enfance, Agnès aimait se retirer des jeux des enfants de son âge, pour prier surtout le Pater et l’Ave. À l’âge de neuf ans, Agnès a obtenu de ses parents la permission de se consacrer au Seigneur. Elle entra alors au couvent des religieuses du sac à Montepulciano. C’est là qu’elle commença son expérience de vie religieuse. Une fois admise dans ce lieu de retraite, Agnès embrassa avec ardeur toutes les pratiques de la vie religieuse : la mortification, les jeûnes, les veilles, l’obéissance…. Mais ce qui était le plus remarquable en elle, c’était son ardeur pour la prière, la lecture et la méditation de la parole de Dieu. Tous ses loisirs étaient consacrés aux entretiens intimes avec Jésus–Christ.
En 1283, alors qu’elle avait 15 ans, Agnès fut envoyée à Procéna, près d'Orvieto, pour fonder une nouvelle communauté. Le pape Nicolas IV, informé de sa sainteté et de sa prudence admirables, lui conféra par un bref le titre et la charge d’abbesse ; charge à laquelle elle se dévoua avec zèle, charité et humilité au grand bonheur de sa communauté et de tous les habitants de Procéna.
En 1306, à la demande de ses concitoyens, elle revint à Montepulciano pour y fonder un petit couvent en dehors de la ville. C’est ainsi qu’elle fonda un nouveau monastère, sous la règle de saint Dominique, et elle y passa le reste de sa vie. Ses biographes rapportent qu’elle avait le don de lire dans les cœurs. Elle s’en servit alors pour la formation de ses sœurs à la sainteté et à la perfection chrétienne. En effet, sous la règle et dans l’esprit de notre père saint Dominique, Agnès s’est appliquée à enseigner et à motiver ses sœurs à tendre toujours de plus en plus vers la sainteté. Nous pouvons retenir pour notre édification trois enseignements de sainte Agnès dans l’esprit de cette formation à la perfection de la vie chrétienne.
Le premier enseignement est la fuite des occasions du péché. Quand nous prions le Notre Père, nous demandons à Dieu de ne pas nous laisser entrer en tentation. C’est à cela que sainte Agnès a prêté une attention particulière : elle apprenait à ses sœurs à s’éloigner de toute occasion de tentation. Plus on est loin des pièges du péché, mieux on s’adonne à la pratique des vertus chrétienne. Cela passe concrètement par ce qu’on appelle la garde des sens. Pour Agnès, chacune de ses sœurs à la mission et la responsabilité de veiller sur ses cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher ; afin que comme dit saint Paul, dans la lettre aux Colossiens, « tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus ».
Le deuxième enseignement c’est la confiance en Dieu dans les moments difficiles de la vie spirituelle. Lorsqu’un chrétien s’adonne à la pratiques des œuvres et des exercices spirituelle, il lui arrive trop souvent d’être confronté à des difficultés et à des peines presqu’insurmontables. L’avis que donne sainte Agnès dans cette situation est qu’il ne faut absolument pas se décourager. L’image de la chasse est évoquée avec justesse à ce propos : lorsque les chasseurs vont à la chasse, ce n’est pas pour attraper des animaux domestiques comme le bétail ou la volaille ou encore les tortues. Non. À la chasse, les chasseurs guettent et pourchassent les antilopes, les buffles, les animaux sauvages vigoureux. C’est l’image de la vie et du combat spirituel. Le diable, le démon tentateur ne se donne pas autant de peines pour les âmes qui se soucient très peu ou aucunement de la vie intérieure ou des choses de Dieu. Bien au contraire. Mais ceux qui s’efforcent de se tourner vers le Seigneur, de chercher une intimité avec le Christ en imitant sa vie, ceux-là sont l’objet des attaques acharnées des démons. C’est donc une occasion de redoubler d’ardeur et de se confier totalement au secours de Dieu.
Enfin, le troisième enseignement de sainte Agnès de Montepulciano est la ferveur et la persévérance dans l’oraison. Pour Agnès de Montepulciano, l’oraison, la vie de prière constante est capitale et fondamentale pour une vie chrétienne authentique et solide. C’est un devoir d’amour pour tout disciple du Christ. Et comme le dit saint Alphonse de Liguori, « celui qui prie se sauve certainement, celui qui ne prie pas se damne certainement » C’est dans la prière fréquente que l’on découvre les bienfaits de Dieu, son plan d’amour et son projet salvifique.
C’est ainsi que sainte Agnès vécu sa consécration à Dieu dans la vie religieuse dominicaine, dans la fidélité et dans l’amour. Elle mourut le 20 avril 1317 à Montepulciano à quarante-neuf ans. Elle fut béatifiée en 1608 par le pape Clément VIII et canonisée en 1726 par le pape benoît XIII. Son corps, miraculeusement préservé de la corruption, repose au Couvent des Dominicaines de Montepulciano. Que son intercession nous accompagne toujours afin que nous tendions nous aussi vers la perfection chrétienne en imitant Jésus-Christ pour la gloire de Dieu et pour notre salut. Amen !
La Vierge Marie est une figure incontournable de l’histoire du salut de l’humanité, une figure exceptionnelle dont on ne peut ne pas parler lorsqu’il s’agit de l’œuvre de la rédemption du monde. Il s’agit de la nouvelle Ève, de Celle qui a eu le privilège de porter en son sein Celui qui porte tout, le Sauveur du monde. Comme on le voit dans les Saintes Écritures, depuis l’Ancien Testament, Marie est une figure exemplaire qui a été choisie par Dieu. Son rôle dans l’histoire du salut est très déterminant. Son « oui » vient non seulement relever nos premiers parents de leur chute mais surtout nous a valu le chemin qui mène au Père, Jésus-Christ, le Verbe de Dieu qui s’est fait chair dans notre chair. Elle est l’échelle par qui Dieu descend du Ciel et celle qui n’a ménagé aucun effort pour que le salut accordé par Jésus parvienne à toute la création parce qu’elle était présente au début de l’évangélisation aux côtés des Apôtres.
La Bienheureuse Vierge Marie est le modèle choisi par l’Ordre des Prêcheurs depuis sa fondation. D’ailleurs, dans la formule de nos vœux, nous promettons d’abord obéissance à Dieu et par la suite à la Bienheureuse Vierge Marie ; ce qui témoigne, à juste titre, de l’omniprésence de la figure maternelle de la Vierge Marie dans l’Ordre. Le frère Humbert de Romans qui a vécu au XIIIè siècle, dit que « La Bienheureuse Vierge Marie fut l’aide principale dans la fondation de l’Ordre… et l’on espère qu’elle le conduira à bon port. C’est la Vierge Marie, dit-il, qui a voulu l’Ordre des Prêcheurs pour que son fils Jésus, le Verbe fait chair, soit connu, annoncé, loué et aimé. » Dans son commentaire sur les Constitutions de l’Ordre, frères et sœurs, Humbert de Romans dit que « Marie est la Mère spéciale de cet Ordre voué à louer, bénir et prêcher son Fils, Ordre qu’elle a suscité, qu’elle propage et qu’elle défend ». (Conf. le livret Propre de l’Ordre des prêcheurs). Pour réaffirmer le rôle déterminant de notre Mère du ciel dans l’Ordre des Prêcheurs, Humbert de Romans martèle qu’« il a un grand poids, son patronage, puisqu’elle [la Vierge Marie] est si puissante à la cour céleste, si familière avec le souverain de cette cour, aussi habile pour mener les affaires que redoutable aux ennemis ».
Chers amis, on nous enseigne que notre père Dominique s’attachait beaucoup à Marie. Étant homme de prière, il ne pouvait terminer la journée sans prier le chapelet. Dans le Propre de l’Ordre, la sœur Cécile témoigne que notre père Dominique recevait des miracles grâce à l’intercession de la Vierge Marie. Elle raconte qu’un jour, au cours de son oraison, Dominique vit venir trois dames très belles et celle du milieu paraissait être une dame de distinction, plus belle et plus digne que les autres. Cette dame brillante dit à saint Dominique : « Je suis celle que chaque soir vous invoquez ; et lorsque vous dites : Eia ergo, advocata nostra, je me prosterne devant mon Fils pour la conservation de cet Ordre ». Ainsi donc, frères et sœurs, tout dominicain doit avoir sa vie rivée sur Celle par qui toute grâce nous est donnée par Jésus, qui se traduit par « Femme, voici ton Fils ».
En outre, cette mère a été donnée aux miséreux comme leur patronne et leur avocate. Elle est toujours auprès de son Fils où elle intercède pour nous. C’est une mère de compassion, toujours prête à rendre service, elle vient en aide à tous. En tant que dominicains, nous avons à toujours faire recours à Marie afin que nos prédications atteignent leur but : le salut de l’homme, puisqu’elle intercède toujours pour ceux qui se tournent vers elle avec foi. Marie est la première prédicatrice qui a annoncé le salut. En effet, dans l’Évangile Saint Luc, (Lc1, 39-45), Marie, étant enceinte, se rendit chez sa cousine Elisabeth pour partager la joie qu’elle a reçue de Dieu, la joie d’être choisie pour donner le Sauveur au monde. Prions la Vierge Marie, frères et sœur, afin qu’elle nous guide sur le chemin de la connaissance de son Fils. Qu’elle ne cesse jamais de plaider pour notre cause auprès de son Fils Jésus pour que la joie de Dieu habite toujours nos vies. Amen
Saint François d’assise est un contemporain et ami de notre père saint Dominique, « un homme ayant fait du christ son modelé » jusqu’à s’identifier à lui et porter les stigmates de ses plaies.
Jean Bernardone, surnommé François par son père, est né à Assise en 1181/ 1182 dans la famille de Pietro Bernardone (son père) et de Mica (sa mère). Son père était un « riche marchand drapier et notable de la cité ». François aspirait à être un chevalier et se disait : « Nul doute ! Je serai un grand prince et l’idole du monde entier ! » ; Ainsi, un matin de décembre 1204, il prit la route pour les croisades avec pour ambition de revenir enfin en prince à Assise. Mais le Seigneur le suivait et le soir même, « Dieu engageait avec lui un étrange dialogue : Dis-moi, qui peut au mieux servir ton ambition, le souverain ou le vassal ? ». Désarçonné, François rebroussa chemin à Assise et se refugia dans l’Église de San Damiano comme ermite ; c’est là qu’il entendra un jour la voix du Crucifix qui lui dit : "va et répare mon Église qui tombe en ruine".
Après un long discernement il comprit de quelle Eglise le Seigneur parlait. Il commença un style de vie particulier marqué par un total dépouillement, une renonciation aux richesses que lui offrait son père et un amour fort pour les lépreux et les pauvres. Cela attira plusieurs disciples à sa suite, et François écrivit pour eux une règle de vie avec comme fondement l’Evangile, Règle qui fut approuvée en 1209 par le Pape Innocent III.
En 1212, François accueillit une jeune fille de 19 ans issue de la noblesse, Claire d’Assise, à qui il donna une Règle de vie pour la fondation des « Pauvres Dames d’Assise », aujourd’hui appelées « Ordre des Sœurs Clarisses ». La même année, François jeta les bases d’un « Ordre de la Pénitence », un Tiers-Ordre ouvert à tous, hommes, femmes, célibataires et mariés.
En 1215, François d’Assise fit la rencontre de saint Dominique à Rome. Ce fut le début d’une belle amitié entre les deux serviteurs du Christ et leurs disciples.
François était un grand mystique qui tombait en extase durant les longues heures passées au pied du Crucifix. Un de ses biographes, le frère Thomas Celano, disait de lui qu’il priait jusqu’à ce qu’il soit devenu, lui-même, prière. Cette expérience de prière lui donna le privilège de recevoir les Stigmates des plaies du Christ en 1224. Malade et presque aveugle, François passa les deux dernières années de sa vie dans un refuge près de l’église San Damiano et là, il compose le fameux cantique des créatures, encore appelé cantique du Frère Soleil. En Juillet 1226, François écrit son Testament et le 4 Octobre 1226, il meurt dans la paix du Seigneur et est canonisé deux ans après sa mort.
Passionné du Christ, amoureux et respectueux de la création et des créatures, homme de paix, serviteur des pauvres et compatissant pour les malheureux, François laisse au monde un message toujours actuel de joyeuse liberté de cœur et d’esprit dans la quête du bonheur pour tous et dans la recherche de l’unique nécessaire : l’amour du Christ et l’option préférentielle pour les plus pauvres. Le pape actuel nous le rappelle sans cesse depuis qu’il a mis son pontificat sous le patronage de Saint François.
À l’exemple de saint François, soyons porteurs de paix et d’harmonie dans le monde de notre temps, vivons en conformité avec le message du Christ. Que le Seigneur nous y aide. Amen.